Roi et serviteur : trahison surmontable du second ? (Kigeni)

J'étais au bord du Canyon, d'une splendeur et d'une dimension incomparable. Evidemment, j'étais ici juste pour échapper au monde, pour penser un peu, enfin seul dans cet endroit désolé. J'étais tranquille ici, mais je ne trouvais pas de quiétude. Je me mettais à penser que j'avais véritablement trahi la confiance de mon roi. Je pensais à ce moment qu'il le savait déjà, mais s'il n'en savait encore rien, je lui dirai, au risque de tout prendre dans la figure.
J'entendit un bruit, et sentit une odeur très familière : aucun doute là-dessus, il était venu me trouver. Quant à en savoir la raison, sans doute venait-il pour ma "trahison" mais rien n'en était moins sûr. Je me levai, et tirai la révérence :

- Sire, dis-je, que me vaut le plaisir de votre visite en ce lieu ?

Je n'allais pas l'évoquer tout de suite si ce n'était pas la raison première. Je m'assis juste après lui avoir souhaité le bonjour, près du bord. Je sentais son regard se poser sur moi : puissant, chargé de questions et de curiosité.
J'avais pas envie d'essuyer sa colère tout de suite, je me défendrai si besoin était. M'enfin, j'étais en faute, lui prêter serment et juste après aimer une Précieuse : cherchez l'incohérence !!! Bon, je ne pouvais - ni ne voulais par ailleurs - me débarrasser de lui. S'il me posait des questions, je devrai être franc.

J'avais eu vent des plaisirs de Chombo aux Neiges Eternelles.Je me dirigeais vers le Canyon, l'odeur de cette lionne était collée a lui, il était facilement reconnaissable.

Il me fit une révérence et me demanda pourquoi étais-je venu.Me prenait-il pour un idiot ?Ses petites balades aux Neiges m'intriguais, mais j'ai réussi a le percer a jour.Je rugis avec force et descendis les branchages.

J'avançais vers lui, en le regardant dans les yeux.

-«Trahison !!» rugis-je.

Je continuais a avancer, le forçant a reculer vers le fond du Canyon, dans le noir, personne ne retrouverais sa carcasse...

C'est ce que craignais, il le savait. Quoi de plus prévisible après tout. Il me forçait à reculer, sans me laisser m'exprimer sur ma faute. Je décidai alors de m'assoir et de ne pas bouger. Il ne voulait pas ma frapper lui même, cela se sentait, j'avais donc encore un petit espoir de m'en sortir sans avoir à me battre. Je tentai alors ma seule échappatoire :

- Eh bien majesté, que comptez-vous faire de moi ? Serai-je un traître parce que j'aime et je suis aimé ? Je n'ai rien fait contre vous. Et vous ne voudriez tout de même pas vous passer de moi, votre lieutenant, ou du moins, quelqu'un d'influence sur les lions de ce clans. Punissez-moi si vous le souhaitez, mais ne commettez pas l'erreur de me tuer, ou vous le regretterez à long terme.

Cette tirade était purement et simplement préparée, au cas où...et j'avais eu raison, car elle faisait son effet.

Il s'assit.Se payait-il ma tête ?Je n'en savais rien, mais je sautai sur lui.Une fois a terre, Chombo montra ses crocs.

-«Si tu veux vivre, tu dois promettre de ne plus entretenir de relations avec elle. »dis-je.

Il me regarda, il voulait refuser, mais s'il refusait, il mourrait.

Je le relacha, et tourna le dos, j'eu un petit sourire et me tourna vers lui en grognant.

-«Le repas sera blanc ce soir, je compte sur toi...» sifflais-je.

Je ne savais pas si il avait comprit, mais pour moi, c'était clair.Nous mangerons cette lionne ce soir.Et c'est lui qui irait la quérir.

J'aurai dû m'y attendre qu'il me propose ça : tuer Wild et la donner à ses sujets. Je refusais cependant dème soumettre à cet ordre, ma vie en danger n'en ferai rien : plutôt elle que moi.

- Je refuse de la tuer !

Voyant qu'il me faisait des yeux plus qu'énervés, je cherchais à toute allure une solution. Elle me vint très rapidement :

- J'ai une meilleure idée qui pourrait vous satisfaire autant que moi : qu'elle rejoigne les Exilés. Qu'en dites-vous ?

Cette idée ne devait pas réellement l'enchanter, à en juger par la tête qu'il me faisait, mais c'était une échappatoire pour tout le monde. Je lui tournai le dos, afin d'avoir la surprise lorsqu'il me répondrai, et aussi lui laisser un avantage s'il m'attaquait. Je me méfiais : cette rencontre pouvait bien me faire une nouvelle opinion, cette fois non méliorative, de mon roi. Je me préparais psychologiquement à en subir les concéquences.

Que voulait-il dire par-là ? Bien sûr, son avis m'était favorable, mais qu'il envisage le pire...cela me laissait pantelant. J'avais cependant l'envie irrésistible de me montrer insolent, même cela n'arrangerait en rien ma situation. Je pris tout de fois le risque, pour lui faire signifier que, bien qu'étant mon roi, je n'en restais pas moins dangereux, et me faire ce genre de menaces ne se faisait certainement pas avec moi, et je ne suis pas du genre à faire basse figure devant tant d'autorité et de mépris manifesté envers moi, et ma bienheureuse erreur :

- Qu'entendez-vous par-là, Sire ? Si vous deviez tenter de la tuer, vous devrez d'abord vous battre contre moi, et nous savons tout deux que vous comme moi préférerions ne pas en arriver là. Alors réfléchissez bien à cette éventualité, qui n'est sans doute pas nécessaire.

Oui, je le provoquais ouvertement, mais si il voulait toujours de moi ou qu'il avait encore confiance en moi, c'était l'occasion d'en avoir le coeur net : le provoquer pour le forcer à dire ce qu'il pense réellement de cette situation particulièrement délicate. Oui, je suis parfois direct, désinvolte, froid, cinglant, incisif ou l'épithète de vôtre choix qui vous conviendra le mieux : quoiqu'il en soit, je l'étais.

Après quelques cinq voire dix minutes de silence (le temps semblait long quand on cherchait à s'en rendre compte, alors que je n'arrivais pas à l'estimer correctement) je m'aperçus réellement qu'il n'avait pas l'intention de répondre tout de suite, ce qui eut la particularité de m'agacé, si ce n'est de m'énerver. Je le dévisageais : toujours son léger sourire qu'il avait depuis sa dernière réplique, et son regard était plus qu'inquiétant pour quiconque n'y était pas habitué ou trop timide pour oser le voir de face : or, je n'étais ni dans l'un, ni dans l'autre de ces cas, ce qui ne faisait qu'augmenter son désarroi : ça, au moins, j'en étais conscient : j'étais l'un de ces rares inconscients à lui tenir tête, même si je le faisais en toute pleine connaissance de cause, et en pleine conscience du danger imminent, bien que celui-ci était incertain, puisqu'il ne voulait peut-être pas se séparer de moi finalement. Mais j'avais déjà pris un gros risque, je n'allais pas précipiter sa colère, si elle n'était pas déjà présente. Je me devais de rester en vie, c'était prioritaire, pour moi tout comme pour Wild, qui ne comprendrait pas pourquoi je serais mort.